Le vent de l’audace nous a mené au château Malherbes en cet automne pluvieux afin de visiter le chai gravitaire insolite installé sur les coteaux de Cadillac. L’esprit pionnier du domaine date du 14 -ème siècle où un chevalier de retour de croisade (Guilhem de Malherbes) s’installe sur cette terre. La reprise du château en 2014 reprend ce souffle créateur et ces traditions vieilles de 7 siècles.
Comment utiliser les forces naturelles comme un auxiliaire pour aboutir à un vin d’exception ?
La gravité est présente depuis des siècles dans l’élaboration des vins. Elle débute avec l’étymologie du mot gravité qui renvoie à la même racine que la « grave » que l’on retrouve dans les différentes strates géologiques où la vigne va puiser ses nutriments. Il n’est guère étonnant que l’on retrouve celle-ci dans un chai qui utilise avec intelligence les forces de la physique pour donner le meilleur de ce vin.
Nous avions déjà été invité à l’inauguration du chai. Ce qui nous avait permis de constater la réflexion qui avait abouti à l’élaboration du chai. Une structure utilisant la gravité afin d’éliminer tout contact avec l’oxygène qui peut oxyder ou malmener le vin lors des transferts indispensables au processus d’élaboration.
Une circulation du vin totalement repensée en épousant la verticale de la colline. Chaque pallier correspond à un stade de vinification. Le château Malherbes comme me l’a présenté avec beaucoup de passion, Juliette Grimault, la sémillante responsable Œnotourisme du domaine est aussi un lieu d’apprentissage dans lequel les visiteurs peuvent se plonger dans la conception du vin de façon totalement naturelle. Les paliers se succèdent de la vigne à la plaque de réception des vendanges, du cuvier au chai et, enfin, de l’habillage au stockage.
Chaque année la chauffe des barriques est adaptée en fonction du cépage et de la qualité des merlots et cabernet francs. A la manière dont un artisan adapte son ouvrage au métier, il en est de même pour Malherbes. Chaque année, le vin est repensé dans la trajectoire imposée par dame nature en fonction des conditions météorologiques et des critères d’exigence de l’équipe de Malherbes. Le cabinet d’architectes TAAD a créé un design particulièrement fonctionnel où la charpente métallique a été habillée de bois dans un soucis de développement durable.
La propriété, elle-même est composée de 50 % de vignes (12 hectares) et de 50 % de bois et de landes qui forment un réservoir à biodiversité permettant à la vigne de se développer de façon optimale sur les coteaux. Chevreuils, lièvres et
chauve-souris régulent et participent à l’écosystème de Malherbes (comme son nom ne l’indique pas).
Chaque détail de vinification est travaillé à l’image de la réflexion du chai. Christophe Bédouet, le directeur du château, a conçu le site comme un outil pédagogique permettant d’explorer l’étroite relation entre le terroir et la vigne.
Les plus vieilles vignes sont mises à l’honneur dans la cuvée « Malherbes » en raison de leurs capacités à capter les nutriments les plus riches et les plus intéressants. L’équipe travaille de façon intime avec chaque parcelle de façon à pouvoir en extraire le meilleur. Cela se retrouve dans la gamme des vins de Malherbes avec les deux crus : le second vin (château de Malherbes) et le premier, intitulé sobrement « Malherbes ». L’essence de tout ce travail.
Le vignoble a obtenu la certification HVE (Haute Valeur environnementale) qui permet d’attester d’une responsabilisation quant à son impact environnemental, prônant une agriculture raisonnée.
Le chai se visite et permet d’admirer en toute transparence les étapes d’un grand vin. D’ailleurs, le Château de Malherbes a cette année été récompensé d’un prix « Best Of Wine Tourism » par Great Wine Capitals dans la Catégorie Architecture et Paysages.