La visite au château Lariveau débutait assez mal. Un appel téléphonique pour m’annoncer et la voix franche de Nicolas Dabudyk me dit de rappeler « qu’ils serait probablement sur le tracteur et dans le secteur ». Je tente ma chance en quittant Saint Emilion par une chaleur lourde et orageuse. Je laisse un message avec mon heure d’arrivée probable.
Commanderie templière
Garant Eglantine (notre deux chevaux Citroën de 1978) devant un mur d’enceinte d’une autre époque, je tombe face à une imposante porte. Un petit fox terrier m’accueille. Enfin, arrive Nicolas tout sourire avec les yeux bleus francs. Il m’accompagne dans son château tout en m’expliquant l’histoire du domaine.
Commanderie templière au bas moyen âge, léproserie durant le haut moyen âge et à la Renaissance, le bâtiment en impose. On se dirige vers le chai par une porte en chêne au grincement caverneux qui a dû voir passer quelques siècles. Ici, pas de chai monumental, pas de mise en scène. La part des anges qui couvre les murs nous le rappel. On est dans l’antre d’un chercheur, d’un alchimiste. Les barriques disposées en rang semblent attendre les manipulations précises de Nicolas. Il m’explique son parcours, la reprise du domaine en 2009 lors de son lancement dans l’exploitation viticole après une carrière de directeur technique et de conseiller indépendant pour des propriétés viticoles.
La reprise en fermage du château Lariveau est un retour à la terre et une volonté de création. Lui qui est originaire de Bourgogne dans laquelle il fit ses armes de vigneron. Il importa ses techniques et son savoir-faire dans le bordelais avec une gamme étendue de vins (12 au total) où il teste avec succès une fusion des techniques bordelaises et bourguignonnes sur le riche terroir de Canon Fronsac.
Il introduit du pinot noir et du chardonnay, travaille en parcellaire, vinifie en cuve avec les grappes entières. De l’énergie à revendre, il crée des cuvées en bio avec le « nature de Lariveau », le Petit Canon de Lariveau en 100 % merlot.
Les racines de Lariveau sont en pinot noir.
L’étiquette en relief est mystérieuse.
Nicolas joue sur les gammes et les palettes des gouts et des saveurs en virtuose. Il est audacieux et se permet des vins qui sortent du cadre classique. J’ai été étonné par la variété des arômes qui se dégagent de sa dégustation. La première minute de rencontre, il me fallut un peu de temps pour comprendre ce vigneron complexe et dynamique qui tente et qui se bat.
La dégustation provient directement des barriques. Elle est prélevée avec une pipette œnologique. Aucune théâtralité, juste L’âme du vin apparaît à la cadence de ses explications et de son sourire devant ses réussites qui se manifestent dans ses bouteilles aux étiquettes où apparaissent le Hei Matau de Nouvelle Zélande. La cire également qui recouvre les bouchons de liège de ses flacons montre une volonté d’aller dans le détail. Le chai, en deux ailes distinctes, est un laboratoire ou il fait partager ses essais et ses réussites. Les vins partent partout dans le monde, au Japon entre autres. Une visite splendide dans les secrets d’un alchimiste.